22 févr. 2016

« … Mais les oiseaux chantent encore »

« L’état des lieux qui est dressé dans les chapitres précédents, nous donne le sentiment vertigineux d’être en présence d’un immense champ de ruines parsemé de tas d’immondices où s’activent des volées de charognards de l’art appâtés par l’odeur de l’argent et du pouvoir. Rien de "bon pour le moral", sauf si on prend le parti - positif et créatif – d’en faire matière à rire, et si l’on n’oublie pas que les artistes ne sont pas une espèce en voie d’extinction, puisqu’ils persistent à survivre au milieu des ruines après trente ans d’activité ministérielle pour les faire disparaître, tout comme existent encore des merles, des oiseaux chanteurs, des insectes butineurs, des nids de pies dans les arbres des villes et des tas de choses émouvantes qui ravissent le cœur et l’esprit à en pleurer de joie…/…
 
Non, la créativité ne viendra pas de tel artiste-professeur revendiquant pour elle, le "non-droit et le non sens" et le foutoir libérateur, quand lui-même confortablement salarié et bourgeoisement installé, profite à fond de l’"ordre administratif" pour valoriser son indigente transgressivité…/…
 
André Malraux a écrit ces lignes, jamais publiées : " Quel pays aura éprouvé autant que le mien le besoin de se cracher à la figure ? Tous ces films, tous ces livres, enragés à ne montrer que ceux qui n’ont jamais rien fait […]. Quel cancer pousse ce pays, qui fut quelquefois grand pour le monde, à ne vouloir élire que son néant ? " Nous en sommes toujours là, cinquante ans après, à déconstruire sans cesse, à s’autodétruire, à tristement rigoler de tout, à ne glorifier que les artistes du vide postural et anxiogène, à cracher sur les artistes à contenu… dans une période artistique qui ne mérite même pas le qualificatif de "décadente" tant elle véhicule de grossière bouffonnerie, d’arrogance, de pervers, de cynisme, de violence et de stupidité. Alors oui, bien sûr, il faut retrouver au plus vite, le sens, l’émotion, la poésie, la positivité, les oiseaux qui chantent et les insectes butineurs ! »*

 

*Extrait de « La bouffonnerie de l’art contemporain », Nicole Esterolle, Éditions Jean-Cyrille Godefroy, 2015.

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