20 juin 2011

"Dépasser les querelles de personnes ?"


Dépasser les querelles de personnes ?
Pourquoi je ne soutiens pas Olivier Kaeppelin
par Marie Sallantin
« Il y a dix ans, souvenons-nous, le rapport Quemin avait pointé un système anachronique responsable de l’absence des artistes français sur la scène internationale : L’Etat était derrière ! Quelle faute de goût, pensez donc ! Comme dans les régimes les moins démocratiques de la planète et grisé par le pouvoir de son ministère et de son administration de la création artistique avec ses inspecteurs, l’Etat donnait ses consignes internes à travers un réseau sans concurrence d’autres réseaux. Les artistes n’avaient d’autres choix que la dépendance ou la marginalité. Ils étaient conviés d’aller voir ailleurs s’ils n’étaient pas satisfaits. C’était l’époque aussi où, sur les ondes de France Culture, le monde entier soit-disant nous enviait un régime qui protégeait les artistes du marché.  En réalité il fabriquait un art officiel avec sa cohorte de demandeurs et d’empressés à le servir. Un vase bien clos. Au fil des années l’absence de la France de la scène internationale a commencé à gêner certains, même à n’être plus supportable, vu l’argent public engagé. Aujourd’hui l’Etat n’a plus d’argent. Aujourd’hui  une pétition demande la signature de tous les artistes face au danger  que présente la disparition des français de la scène internationale. Pêle –mêle les chéris du système  et les exclus sont sollicités d’urgence.  Que faire ? Signer pour Kaeppelin ? Un sauveur vraiment ? Engager plus d’argent public? Se montrer solidaires en fermant les yeux ?
D’accord si le rapport Quemin n’avait pas pointé dès 2002 une faillite qui est aussi la sienne. D’accord s’il y avait eu un débat. D’accord si quelque chose de neuf avait émergé avec plus de démocratie et de transparence. Or il n’en est rien. Que voyons nous ? Une querelle de générations (de plus ?) entre fonctionnaires: les uns traitent les autres de vendus au marché ; d’autres sont désormais dépassés  (souvenons nous de cette rengaine pour les peintres) . Rien de neuf donc. Eh oui ! On ressasse les mêmes choses. Mais à regarder de plus près, il y a quand même une petite révolution : il est fait appel urgent aux artistes. Allons bon ! On s’en passait jadis. Combien de colloques les ont comptés pour rien sous prétexte que " le médecin invitait-il  les malades dans ses réunions entre confrères ? "….
C’est pour des raisons de fond et non de personnes que je refuse de signer cet appel au secours. Je refuse  de soutenir un système d’administration de l’art vivant qui ne se renouvelle  pas malgré ses défauts gigantesques.  Quant à prétendre se passer de l’appui intéressé des puissants milliardaires de la planète, cela  m’apparaît bien illusoire aussi, étant donné l’état de la dette publique.  N’avons- nous pas le spectacle d’un pouvoir qui les accueille à bras ouverts dans ses palais et musées? Quand une situation est désastreuse, laissons la empirer. Engager un débat sur le rôle de l’Etat dans la Culture finira bien un jour par paraître nécessaire. Diderot  ne disait-il pas à Catherine II : "Il y a des circonstances où l'extrême mal est un bien et où un palliatif qui invétère le mal est plus funeste que tous les remèdes " » 

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