16 sept. 2010

« L’aristocratie de l’argent »

Dans un livre récent, les deux sociologues Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon révèlent en quoi notre démocratie parlementaire repose sur une « oligarchie » qui concentre le pouvoir et les richesses. Les deux sociologues parlent même d’une « aristocratie de l’argent » qui ne se limite pas à une couleur politique particulière et qui se caractérise par l’utilisation délibérée de « réseaux ». Ces réseaux s’entretiennent et se développent selon des rituels mondains qui n’ont rien d'anodin et dont la frivolité n’est qu’apparente. Nombreux sont les artistes qui ont été confrontés depuis longtemps à une telle réalité. C’est pourquoi les propos des deux sociologues ont toute leur place ici mais il est clair que l’on n’insistera jamais assez sur l’aspect récurrent d’une telle « aristocratie » :
« …Au sommet de la société, il y a aujourd’hui des gens qui cumulent non seulement toutes les richesses, mais aussi tous les pouvoirs… » (2). « La force de l’oligarchie au pouvoir, ce sont ses réseaux, et les remplaçants potentiels sont nombreux, à droite mais aussi à gauche… » (3). « …L’aristocratie de l’argent cultive ses réseaux, elle en hérite, elle les entretient, elle s’attache à les développer. Réceptions, vernissages, parties de golf, on passe beaucoup de temps en mondanités d’apparence futiles, mais en fait essentielles. Un verre au bar de son cercle permet de rencontrer tel ministre, tel conseiller du président, tel banquier, tel patron d’entreprise ou de médias. On parle, on devient intime, on s’épaule, on se soutient. Chacun multiplie son pouvoir par le pouvoir des autres, augmentant d’autant la puissance de l’ensemble… » (4).

(1) Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon, « Le président des riches, enquête sur l’oligarchie dans la France de Nicolas Sarkozy », éd. Zones, 2010.
(2)
Monique Pinçon-Charlot in Télérama n°3166, 18-24 sept 2010, p.18-22 (entretien de Michel Abescat avec les sociologues Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon).
(3)
Monique Pinçon-Charlot, Ibidem.
(4) Michel Pinçon, Ibidem.

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